Depuis plusieurs années, les travaux réalisés par l’INJEP pointent les fortes inégalités entre générations, mais également entre jeunes, et l’urgence de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées. Balayant l’illusion d’une jeunesse homogène et figée dans ses caractéristiques générationnelles, ces inégalités entre jeunes se creusent, se cumulent et se renforcent. Elles concernent aussi bien l’éducation, que la situation économique ou sociale, le territoire de vie, et, rappelons-le, le genre.
Deux productions récentes de deux chargées d’études de l’INJEP en attestent. La première, signée par Aude Kerivel dans la revue Education et formations, tire les enseignements de trois expérimentations portées par le Fonds d’expérimentation pour la jeunesse visant à tester et évaluer des dispositifs contre le harcèlement à l’école. Constat sans appel : les inégalités entre filles et garçons face à la question sont mis en évidence. La seconde issue de travaux portés par Yaëlle Amsellem-Mainguy et Arthur Vuattoux autour des usages sexuels d’Internet des adolescents établit, là encore sans ambiguïté, que ceux-ci sont déterminés par des « scripts de genre » qui nourrissent plus que jamais les assignations subies par les filles.
Dans les deux cas, les modalités de l’action publique sont réinterrogées parce que l’égalité de traitement supposée dans les espaces éducatifs et de socialisation des jeunes ne produit toujours pas l’égalité réelle : les acteurs publics doivent-ils insister sur l’égalité de traitement au nom de son principe ? Ou admettre que l’immobilisme des représentations sociales est tel qu’il impose, au nom de l’équité cette fois, un traitement différencié dans la mise en œuvre des politiques publiques ? Le débat est ouvert.